Homo sapiens – une espèce en danger? Understand article

Traduit par Maurice A. Casimir. Cette année a été proclamée Année Internationale de la Biodiversité. Tout au long de 2010, les Etats essaieront de parvenir à un accord sur un nouvel objectif concernant la biodiversité, la décision étant prise au sommet de Nagoya, en Octobre. Cela…

Modifications climatiques, pénurie de pétrole, crise économique, croissance démographique, catastrophes naturelles, perte de la biodiversité: nous avons à faire face à un avenir incertain, et jusqu’à présent, nous n’avons pas semblé faire grand-chose pour relever ces défis. Les leaders mondiaux n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la manière de limiter les modifications climatiques lors de la Conférence de l’ONU sur les Modifications Climatiques en Décembre 2009 à Copenhague, Danemark. La biodiversité vient ensuite sur la liste, avec la 10ème rencontre de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) programmée pour Octobre 2010 à Nagoya, Japon. Mais franchement, cela ne semble pas non plus bien se présenter.

Qu’est-ce-que la CDB?

En 1992, la plus importante réunion de leaders mondiaux jamais organisée se tint lors du Sommet de la Terre de l’ONU à Rio de Janeiro, Brésil. C’est alors que la CDB vit le jour. Elle fut rapidement et très largement reconnue: 168 pays signèrent la Convention à Rio, 26 autres pays signèrent ultérieurement, et tous, sauf les Etats Unis d’Amérique, l’ont ratifiée. Avec un total de 193 Etats-membres, elle jouit d’une participation quasi universelle. Il est important de noter que la Convention est légalement contraignante: les pays qui en sont partie prenante et la ratifient s’engagent à mettre en œuvre ses dispositions. Toutefois, il n’y a aucune sanction prévue dans les cas où un pays ne respecte pas les règles arrêtées.

L’idée sous-jacente à la CDB

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La CDB couvre tous les écosystèmes, espèces et ressources génétiques. Au contraire des efforts de conservation précédents plus rigoureux, la CDB reconnaît que les écosystèmes, espèces et gènes seront et devront être utilisés pour le bien de l’espèce humaine, et cela uniquement de façon pérenne, avec une intensité ne conduisant pas au déclin à long terme de la biodiversité.

Une partie essentielle du débat sur la biodiversité implique l’utilisation commerciale de matériaux génétiques. On trouve la plus grande partie de la biodiversité mondiale dans les pays en développement. Historiquement, toutefois, des «bioprospecteurs» des pays riches ont collecté des microorganismes, des plantes ou des animaux pour le développement de nouveaux produits, tels que des médicaments, souvent sans bénéfices justifiés pour le pays d’origine. La CDB reconnaît la souveraineté nationale sur de telles ressources génétiques, de façon à ce que le pays d’origine perçoive une partie équitable de leur valeur sous forme d’argent, d’échantillons ou de formation de chercheurs locaux.

La CDB recouvre également le domaine en expansion rapide des biotechnologies, via le Protocole spécifique de Carthagène sur la Prévention des Risques Technologiques, un accord complémentaire adopté en Janvier 2000, qui cherche à protéger la biodiversité des risques potentiels entraînés par des organismes génétiquement modifiés. Bien que la plupart des pays d’Europe y aient adhéré, au total 39 des pays membres de la CDB, y compris l’Australie, le Canada, l’Islande, Israël, le Lichtenstein, la Fédération de Russie et les Etats Unis d’Amérique n’ont pas ratifié le Protocole de Carthagène.

Comment fonctionne la CDB?

Traité international, la CDB identifie un problème commun; fixe des objectifs globaux, des politiques et des obligations générales; et organise la coopération technique et financière. Mais la responsabilité de l’atteinte des objectifs repose largement sur les pays eux-mêmes, et il appartient aux gouvernements nationaux de mettre en œuvre les changements. Less pays doivent trouver par eux-mêmes les incitations pour leurs propriétaires terriens, leurs pêcheurs, leurs fermiers et leurs sociétés privées à adhérer au Traité, et doivent informer le grand public. En dernier ressort, toutefois, nous sommes pleinement responsables de leur succès – en choisissant soigneusement les produits que nous achetons et les politiques gouvernementales que nous appuyons, nous pouvons commencer à faire évoluer le monde vers le développement durable.

“Œuvrer pour la pérennité de l’action n’est plus seulement une contrainte morale; c’est aussi devenu un problème à poser dans notre propre intérêt. Il ne s’agit pas seulement de savoir dans quel état nous laisserons notre planète pour les générations futures, mais de nous assurer également qu’il y a suffisamment de ressources pour notre propre génération.”
Commissaire à l’Environnement de l’UE Janez Potočnik

L’autorité suprême de la CDB est la Conférence des Parties (CDP), constituée de l’ensemble des gouvernements ayant ratifié le Traité. La CDP passe en revue l’avancement des travaux, identifie des priorités nouvelles, et dresse des programmes de travail pour les membres. C’est la CDP qui se réunira au Japon en Octobre 2010.

Progrès realisés et problèmes rencontrés

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Après une manifestation d’intérêt dans le sillage du Sommet de Rio de 1992, les progrès ont été d’une lenteur décevante. L’attention portée aux problèmes environnementaux a été détournée vers une série de crises économiques, de déficits budgétaires et de conflits locaux et régionaux. En dépit des promesses contenues dans le texte de la CDB rédigé à Rio, on a peu fait pour diminuer les effets sur l’environnement de la croissance économique. L’obstacle principal aux décisions concernant le développement durable réside dans le conflit entre les bénéfices à court et à long termes: il reste payant d’exploiter l’environnement en le mettant à contribution autant que possible et aussi rapidement que possible, car les règles d’une économie de marché sans entraves ont peu à voir avec la protection d’intérêts à long terme.

Un autre défi de base pour la CDB reside dans le large éventail de ses objectifs: amener tous les secteurs de l’économie, de la société et du gouvernement d’une nation à travailler ensemble est une tâche complexe. Cela requiert une coopération entre nombre d’acteurs différents, tels que des collectivités et des organisations régionales. Et il faut se souvenir que les pays qui n’atteignent pas les objectifs fixés n’encourent finalement aucune sanction.

En 2002, 10 ans après que la CDB ait été mise à la signature, son succès n’a pas véritablement été éclatant: des plans d’action nationaux ont été mis en place dans plus de 100 des 193 pays membres, mais la perte de biodiversité s’est accélérée. Il en est résulté que les Etats membres se sont engagés à réduire de façon significative le taux de perte de la biodiversité en 2010.

La CDP a cependant admis que tout ceci était plutôt théorique: «Des efforts supplémentaires sans précédent seraient nécessaires pour réaliser en 2010 une réduction significative de la perte du taux de biodiversité à tous les niveaux… Il est prévu que la plupart des agents directs de la perte de biodiversité vont soit rester au même niveau, soit être plus nombreux dans l’avenir proche. En outre, l’inertie propre aux systèmes naturels et institutionnels humains se traduit par des délais – se comptant en années, décennies et même siècles – entre la prise de décision et son impact tangible sur la biodiversité et les écosystèmes.”

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Alors quelle est la situation dans la période précédant la réunion de 2010? Le défi a-t-il finalement été relevé? La réponse est non, sans surprise. Le monde est encore en train de perdre de la biodiversité à une vitesse toujours croissante et sans précédent. On doit pourtant relever au moins quelques succès partiels ou régionaux: ils incluent un ralentissement dans la vitesse de déforestation de l’Amazonie brésilienne de 74% (bien qu’une superficie égale à celle de l’Irlande du Nord soit perdue chaque année; au niveau mondial, la perte du couvert forestier représente chaque année la superficie du Costa Rica) et une réduction de 45% dans la vitesse de disparition des mangroves (mais environ 6% de la superficie totale des mangroves est perdue chaque année). Le nombre de Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO)w1 a approximativement doublé depuis 2002; elles couvrent aujourd’hui entre 5 et 8% de la superficie de chaque continent, l’Antarctique excepté, bien que toutes les ZICO ne soient pas protégées. Plus de 12% de la surface des terres émergées sont aujourd’hui protégées d’une façon ou d’une autre.

La mission du sommet de Nagoya sera de préparer, adopter et mettre en œuvre un nouveau plan stratégique pour la période 2011-2020, y compris une ‘vue panoramique de la biodiversité en 2050’. L’idée est d’améliorer le plan précédent: des objectifs plus réalistes, basés sur des résultats scientifiques et s’appuyant sur un meilleur support logistique.

Espérons donc que le monde prenne au sérieux l’admonestation d’Ahmed Djoghlaf, Secrétaire Exécutif de la CDB: «Comme l’a déclaré Charles Darwin, ‘Ce n’est pas l’espèce la plus vigoureuse qui survit, ni la plus intelligente…C’est celle qui s’adapte le mieux au changement’. Ceci vaut non seulement pour les êtres humains, mais aussi pour les institutions et les procédures. Le monde a changé, et la coopération mondiale en matière de biodiversité devra s’adapter à ces changements…Comme l’a également dit Darwin, ‘Dans la longue histoire de l’espèce humaine…ceux qui ont appris à collaborer et à improviser le plus efficacement ont pris le dessus.’”

 

Pourquoi la biodiversité est-elle importante?

La biodiversité d’aujourd’hui, façonnée par des processus naturels, et de plus en plus par l’influence de l’espèce humaine, est le résultat de milliards d’années d’évolution. On estimait au 18 Avril 2010 la population de la Terre à environ 6.8 milliards d’habitants, et il est prévu que ce nombre atteindra les 9 milliards en 2050, selon les experts de l’ONU. La pression sur les ressources naturelles mondiales croît encore plus vite: là où la population a plus que doublé depuis 1950, l’économie mondiale a quintuplé en valeur, avec la majeure partie de la croissance économique réalisée dans quelques pays industrialisés.

Pour nombre d’entre nous, la nature semble bien loin de notre vie quotidienne – la nourriture est associée à des boutiques, plutôt qu’à une ressource naturelle. Les ressources biologiques sont toutefois la base de notre existence: elles concernent des secteurs aussi divers que l’agriculture, les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, la pâte à papier et le papier, l’horticulture, la construction et le traitement des déchets.

La capacité des écosystèmes à faire face aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux pressions exercées par les humains sous forme de pollution et de modifications climatiques, est amoindrie. Une perte de biodiversité signifie également une réduction de la productivité des écosystèmes. La nourriture constitue l’un des exemples, et sa fourniture est confrontée à de sérieuses perturbations: pendant des milliers d’années, nous avons développé un vaste ensemble de plantes et d’animaux domestiques. Cependant, l’agriculture à caractère commercial moderne se focalise sur quelques variétés de plantes cultivées, et environ 30% des races des principales espèces animales d’élevage sont actuellement en grave danger d’extinction. Par exemple, il est stupéfiant que 90% du bétail élevé dans les pays industrialisés provienne de seulement six races très soigneusement définies. Le maintien de la diversité génétique chez les animaux est essentiel pour permettre aux générations futures de sélectionner des cheptels ou de sélectionner de nouvelles races adaptées à des problèmes à venir, comme les modifications climatiques, les maladies et la mutation de facteurs socio-économiques.

Bien que l’extinction d’espèces soit toujours intervenue naturellement, les activités humaines ont dramatiquement accéléré le processus: nous sommes en train de créer la plus grave crise depuis le désastre naturel qui gomma de la Terre les dinosaures il y a 65 millions d’années. Les extinctions sont irréversibles et, du fait de notre dépendance envers les récoltes de produits agricoles, les médicaments et autres ressources biologiques, elles créent une menace pour notre propre survie.


Web References

Resources

  • La CDB gère un site Internet sur la biodiversité pour les jeunes, incluant des jeux, un glossaire et le coin de l’éducateur: www.cbd.int
  • The CBD runs a biodiversity website for children, including games, a glossary and an educator’s corner: http://kids.cbd.int
  • La Commission Européenne a lancé une campagne sur la biodiversité, ‘Nous y sommes tous ensemble’, pour montrer les véritables implications de la perte de biodiversité sur notre vie quotidienne, et pour promouvoir des actions que l’on peut entreprendre pour protéger la nature. Elle est disponible en de nombreuses langues européennes. Voir: http://ec.europa.eu/environment/biodiversity/campaign
  • Pour un passage en revue des découvertes les plus notables dans le domaine de la biodiversité réalisées en 2009, voir:

Author(s)

La Dr Marlène Rau est née en Allemeagne et a grandi en Espagne. Après avoir obtenu un doctorat en biologie du développement au Laboratoire de Biologie Moléculaire de Heidelberg, Allemagne, elle a étudié le journalisme pour entrer dans le domaine de la communication scientifique. Elle est depuis 2008 rédactrice de Science in School.

Review

Nous sommes en train de détruire la biodiversité à un rythme alarmant, et cependant nombre d’entre nous n’ont toujours pas conscience des menaces que fait peser sur nous cette perte. Que font les autorités et que faisons-nous? Y a-t-il des actions qui devraient être lancées? Est-il réellement vrai que nous sommes en train de détruire notre planète?

Cet article thématique peut être utilisé en classes de biologie et de chimie, en particulier dans l’enseignement de sujets sur les sciences de l’écologie et de l’environnement.

De possibles questions de portée générale et des thèmes de discussion incluent:

Qu’entendez-vous par ‘développement durable’?
Qu’est ce que la biodiversité?
Enumérer trois crises majeures auxquelles le monde a actuellement à faire face.
Qu’est ce qu’une convention, et quels domaines sont habituellement couverts dans une convention de ce genre?
Mentionner trios objectifs de la CDB.
Quelles étapes suit la CDB pour attaquer les problèmes environnementaux?
Quelle est votre opinion sur la manière dont la CDB gère les problèmes environnementaux? Que sort-il de bien de cette convention?
Discuter l’impact de la perte de biodiversité sur notre vie.

Andrew Galea, Malte

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